My arms emptied, the skies emptied
The buildings emptied
So tell me where to put my love
Do I wait for time to do what it does?
I don’t know where to put my love
My Love – Florence and the Machine
Les samedis sont encore un peu difficiles. Beaucoup de choses me remontent en tête quand je ne suis pas au travail. Je pense que la fatigue n’aide pas non plus… Je suis épuisée. J’ai toujours hâte aux vacances comme la plupart des gens, mais, cette année, c’est vraiment une très très forte envie! Au moins la température est peu à peu plus douce, ce qui m’aide beaucoup puisque contrairement aux années passées, j’ai trouvé l’hiver difficile. Je suis bien consciente qu’il n’est pas complètement terminé. Il n’y a pas de nécessité de me rappeler cela.
Cette semaine, je me suis rendu compte qu’à quelque part, même si je sais que j’ai été beaucoup blessée durant les deux dernières années, je me retenais en fait d’en vivre et d’en montrer l’ampleur pour les autres. C’est donc pire que ce que j’ai dit pendant tous ces mois, oui. L’automne dernier, à presque tous les jours, je me sentais comme si j’étais en train de me noyer dans l’eau infernalement froide sous la couverture de glace d’un lac gelé, sans arriver à trouver une percée qui me permettrait de reprendre un peu d’air et d’espérer survivre. Je sais que ça peut sembler étrange, pour les personnes qui n’ont pas mon vécu, mais justement, vous n’avez pas mon vécu et c’est réellement comme ça que je me sentais. Parfois les gens imaginent que parce que je suis sensible à certaines situations et qu’elles sont extrêmement difficiles à vivre pour moi, cela signifie que je suis faible. Je pense que leur point de vue est incroyablement superficiel. Je le sais, moi, la force incroyable qu’il m’a fallu pour passer au travers de tout ce que j’ai vécu et de combien il m’a fallu fournir d’efforts afin de construire et accomplir les choses qui constituent ma vie. Souvent, les personnes qui me disent ça sont incapables de passer une journée seules et sans l’aide d’une substance quelconque, qu’elle soit l’alcool, la cigarette ou autres drogues… Le fait que vous ayez besoin de ça pour vivre implique automatiquement que vous n’êtes pas plus forts que moi. Cela signifie au contraire que vous avez peur de ce qu’il y a en vous et dans les autres et ça, ce n’est clairement pas de la force.
J’ai beaucoup de difficulté aussi avec les discours qui veulent normaliser ou minimiser les comportements malsains et irrespectueux. Je ne pense pas que ça aide qui que ce soit. Je ne pense pas non plus que ça aide de continuer à faire croire aux hommes que rien n’est leur faute parce qu’ils seraient apparemment naturellement immatures. Il n’y a rien de vrai dans cela. C’est une construction sociale. Une construction qui fabrique des hommes incapables de prendre leurs responsabilités dans la vie en général et plus précisément dans les relations avec les femmes. Ça en fait de grands enfants, ce qui nuit et blesse énormément. Quand on se contente de clichés vides comme ceux-là, quand on les répète constamment, les gens y adhèrent. Un peu comme de quoi il faut avoir l’air et ce qu’est l’amour. Nous avons les cerveaux tellement pollués par des discours complètement faux sur ces sujets et nous sommes constamment bombardés par eux, si bien que nous les croyons et que nous nions les évidences qui sont connues sur ces sujets et qui n’ont rien à voir avec les discours sociaux sur ceux-ci.
Je trouve infiniment triste que toutes ces histoires pénibles me soient arrivées. Je trouve triste aussi que des hommes aient pensé que c’étaient de bonnes façons de me traiter. Ça me dit beaucoup de choses sur le monde dans lequel on vit, de les voir être surpris que je ne trouve pas leurs comportements normaux et intéressants, alors que pour moi ils sont si clairement malsains et irrespectueux… mais je suis consciente que ce sont des comportements qui sont socialement banalisés et parfois même valorisés en fait. La société nous met tellement de pression pour qu’on soit en couple, pour qu’on soit obsédés par la sexualité et… qu’à un moment donné, si une personne ne vit pas ces choses comme on lui dit qu’elle doit vivre ces choses, elle se sent anormale et ça provoque en elle énormément d’anxiété. C’est très bizarre d’avoir été si longtemps en thérapie. J’ai changé énormément, mais le monde autour pas tant… Donc je me fais faire les mêmes choses dans ma quarantaine que je me faisais faire dans ma vingtaine… mais, contrairement à ce que les autres me suggèrent parfois, ça ne signifie absolument pas que c’est moi qui dois fournir encore plus d’efforts pour changer encore plus. Je ne suis absolument pas responsable qu’un vieil homme ait à ce point intériorisé les stéréotypes sociaux et l’esthétique féminine malsaine présentée dans les médias qu’il essaie de me convaincre que je suis trop laide et décevante pour être aimée… Je ne suis pas non plus responsable qu’un homme qui m’a terriblement blessée n’est même pas capable de traverser une rue pour me présenter des excuses… Ils en sont responsables. Ce n’est pas à moi de régler leurs problèmes. Ça me rend triste quand même. Je suis toujours sincère dans mes relations aux autres. J’ai réellement voulu aimer ces personnes. J’étais ouvertes à le faire. J’appréciais beaucoup chez ces personnes aussi. On dirait cependant souvent qu’elles ne sont pas conscientes de ce qu’elles font ou n’en prennent pas la responsabilité. Alors je leur pose ces questions : Avez-vous fait ce qu’il fallait pour que je sois capable de vous aimer? Pour qu’un lien soit possible entre nous? Êtes-vous réellement capables d’aimer? Et de vous laisser aimer? Je pense que la réponse est non à toutes ces questions, mais je leur laisse trouver leurs réponses eux-mêmes.
La vie met un peu mon envie de célibat à l’épreuve ces jours-ci en me faisant croiser Gabriel Arcand partout ces jours-ci. Il a beau être pas mal plus âgé que moi, je l’ai toujours trouvé incroyablement charmant et il l’est encore tout à fait à 74 ans. C’est infernal… mais bon. Je regarde puis je mets les mains dans mes poches et je pars. Il me sert de rappel que la beauté atypique et l’intégrité existent encore. Il est aussi fort probablement marié et on sait que je ne fais pas ça, courir après des hommes en couple… Quand même, la douleur… (Je ris un peu de moi, oui…)


J’ai un peu les mêmes réflexions au sujet de l’art qu’au sujet de l’amour ces jours-ci. Je trouve très pénible qu’on dirait que tout le monde a les yeux et le cerveau lavés par les réseaux sociaux et Photoshop. Ça a quelque chose d’effrayant, au point où lorsqu’on montre quelque chose d’imparfait ou de non terminé, les gens capotent ou ignorent complètement la publication. C’est un peu désespérant. Mes projets avancent néanmoins assez rondement et ça me rend heureuse. Les gens capotaient par exemple parce que j’avais dessiné la disparition de Linda de droite à gauche au lieu de gauche à droite… C’est parce que je vais les découper et les coller ailleurs. C’est aussi simple que ça. Vous pouvez dire à votre cerveau de se calmer… Les deux toiles sont pour donner à la fondation du collège pour venir en aide aux élèves n’ayant pas beaucoup de sous… Un jour à la fois, je les complèterai. J’essaie de respecter mon rythme et mon énergie.
Je vais aller me reposer enfin un peu puisque c’est dimanche…
Bonne semaine!