Les projets (2)

            Je suis allée visiter un appartement aujourd’hui. Il était immense et lumineux. Pas très loin d’ici. Sur deux étages comme celui que j’ai en ce moment, mais deux fois plus grand. Il est cher, c’est sûr. Plus cher qu’ici, mais pas tant pour le marché du moment. Je ne sais pas trop ce que je vais faire. Il me permettrait de rester dans le quartier, mais en même temps de m’éloigner des mauvais souvenirs qui se trouvent ici. J’aurais de la place pour un atelier qui ne soit pas dans ma cuisine et pour un bureau qui ne soit pas dans ma chambre. Je dois y penser sérieusement et calculer tout pour voir ce qui est possible. C’est difficile de prendre des décisions de ce type. Pour moi, en tout cas. C’est en bonne partie à cause de mon anxiété. En bonne partie aussi parce que je ne sais pas si je veux rester en ville ou pas. Je préfère souvent faire les choses à pied… je dois réfléchir… oui oui… et comme il est en rénovations en ce moment et qu’il ne sera pas prêt tout de suite, ça me laisse du temps quand même. Mais ça me fait du bien rêver un peu après toute cette période de déprime. 

            Je lis un livre sur le CPTSD ces jours-ci. Il y avait un passage sur comment les personnes qui en souffrent ont tendance à s’auto-saboter ou à se décourager elles-mêmes parce qu’elles ont l’impression de ne pas avoir le droit de vivre, une sorte de sentiment de faute originelle qui a été implanté dans leur tête si jeune que ça fait un peu partie de leur personnalité. Je me suis reconnue. Le CPTSD c’est souvent un traumatisme développemental au sens où les abus ont lieu au sein même du lieu où l’enfant est né et où il grandit. C’est donc très difficile d’y échapper, surtout s’il est multiforme, l’abus, ce qui était mon cas… et si d’autres personnes y participent aussi, ce qui était également mon cas… Le livre parle également de comment nous avons de la difficulté à nouer des relations et encore plus des relations saines. Je me suis sentie moins seule, juste de lire un peu plus les explications là-dessus. Ça dit aussi que contrairement à ce qu’on pourrait penser, les personnes ayant vécu des traumatismes graves sont en fait plus à risque d’en revivre que les autres. C’est rassurant et décourageant en même temps, je trouve, mais je garderai ça pour une autre fois. 

            Le plus important pour ce billet-ci, c’est que le fait d’être mise au courant de la tendance à l’auto-sabotage m’a aidée à m’activer davantage ces derniers jours et à faire avancer mes projets. Je n’ai pas encore retrouvé toute mon énergie, mais je bouge plus et j’arrive à tenir durant de plus longues périodes de travail, ce qui m’encourage. Il y a, dans le livre, beaucoup de conseils pour aider à diminuer les effets secondaires le plus possible. C’est sûr que ça ne se fait pas du jour au lendemain, mais en changeant les habitudes peu à peu, c’est possible d’aller mieux, même si le trouble ne disparaîtra jamais complètement. Il faut de la patience et de l’assiduité. Je peux me donner une plus belle vie et je ne laisserai absolument personne me mettre des bâtons dans les roues cette fois. Ni un homme, ni une jalouse passive-agressive ou autre… 

            Je travaille ces jours-ci sur une bande dessinées liée (d’un peu loin mais quand même…) aux années 80. Ça me rend heureuse. Je pense que je ferai une série. Celle-là doit avoir maximum 4 pages pour un truc auquel je veux participer, mais rien ne m’empêche d’en faire d’autres courtes sur le même thème après et de les mettre ensemble pour en faire un petit recueil.

            Ça a comme réouvert une porte, plusieurs portes en fait, de lire sur mon trouble. Ça me rappelle que parfois c’est la maladie qui parle et qui me décourage de vivre et de changer des choses. Je ne suis pas paresseuse. Je ne manque pas d’idées ni de talents. Ce qu’il me faut, c’est maintenir plus fermement mes objectifs en tête et aller de l’avant pour construire un avenir meilleur que le passé l’a été. Je pense que j’en suis capable, mais qu’il me faudra me surveiller de près et ne pas laisser n’importe qui m’approcher. Je dois terminer l’écriture d’un livre aussi, pour briser la glace une fois pour toutes. 

            Ça peut prendre du temps pour changer les habitudes. Ça prend du temps réparer un système nerveux amoché aussi. Je l’ai fait plusieurs fois et c’est normal d’avoir à le refaire dans le contexte qui est le mien. J’aimerais ça quand même que la vie et les autres m’aident un peu en ne m’envoyant pas d’énorme coup de poing pour un temps. J’ai déjà mangé plus de volées que je n’en méritais. C’est au tour de quelqu’un d’autre. 

            Je retourne dessiner. 

            À plus!  

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