Il y a encore un long préambule…
Ça fait un moment que j’hésite d’écrire ce qui me fait me sentir mieux quand je sens que ma santé mentale ne va pas bien. Ce billet est donc une suite de ceux nommés « occupations pandémiques ». J’hésite, parce que je pense au cynisme qui m’attend. Je repense à cette conversation avec mon ancien « ami » qui mettaient tous les troubles de santé mentale dans le même panier et qui m’a accusée de penser qu’on pouvait guérir l’autisme avec un livre de Christophe André… Ce qui n’est pas le cas. Il m’a aussi accusée en disant que je mentais quand je disais qu’il y avait des ressources disponibles puisque les services sociaux manquent de ressources. C’est un fait que les services sociaux manquent de ressources. On le sait, ils le disent à tous les jours dans les journaux et rien ne se passe. Je parlais d’autres ressources. Ressources dont lui-même ne profite pas. Ça lui aurait peut-être évité de me faire une crise avant de m’avouer que lui trouvait ça difficile et que c’est pour cela que ce que j’avais dit l’avais blessé… Mais est-ce qu’il a fait appel aux ressources disponibles pour lui, dans son cas entre autres une ressource fournie par le travail par le service d’aide aux employés. Je pense que non. Je pense qu’il a tout simplement refusé de rencontrer un professionnel de la santé mentale pour un maigre 10$. Je pense qu’il ne s’est peut-être même pas informé. Je pense qu’il s’il l’avait fait, il aurait trouvé le moyen de chialer et de me dire que c’était juste 5 rencontres. 5 rencontres c’est effectivement peu, mais c’est quand même crissement mieux que ce à quoi ont droit la plupart des gens avec leur travail, et ce, s’ils ont même un travail. C’est un début. Une aide d’appoint. Puis, même s’il s’était plié aux pauvres 5 rencontres, il aurait chialé sur le type de professionnels disponibles. Parce que ce sont souvent des travailleuses sociales et non des psychologues qui aident dans ces types de programmes. Pourquoi? Parce qu’ils sont payés seulement 50$ et que c’est insultant pour un psy de se faire offrir seulement 50$ la consultation. Quand je fais appel au programme, je paie la différence à mon psy par respect pour lui. Il reste que, une travailleuse sociale a de fortes chances d’en savoir plus que toi sur les choses qui peuvent te conduire à ressentir de l’anxiété et de la déprime dans le cadre d’une pandémie, donc ça aurait pu servir… mais non… Trop peu pour monsieur… Au-delà de son cynisme, ou plutôt sous celui-ci, c’est l’ignorance crasse de ce qu’est la thérapie qui se terre. La preuve en est que quand je lui ai parlé du fait que je suis en thérapie depuis 15 ans, il m’a répondu que le fait d’être malade depuis 15 ans ne me rendait pas experte de quoi que ce soit. Donc dans sa tête, les personnes en thérapie sont des malades. Ce qui est faux encore une fois et a fait qu’un de mes collègues m’a demandé s’il vivait dans les années 70 pour dire des choses arriérées comme ça. Il est plus patient que moi, mon collègue. J’aurais dit les années 50.
Ce qu’il a fait et ce qu’il pense, c’est une tendance sociale qui me semble assez forte et qui nuit plus qu’elle n’aide. Bien sûr, je ne crois pas qu’on puisse guérir l’autisme avec un livre, même pas un de Christophe André, aussi utiles soient-ils pour plusieurs personnes. Ce qui m’énerve, c’est le constant dénigrement et la négativité face à tout ce qui peut être une partie de solution. La santé mentale, ce n’est pas juste une chose. C’est l’interaction de plusieurs facteurs et agir sur l’un influence les autres en retour. Je déteste aussi les amalgames qui sont faits, comme lui l’a fait lors de la conversation lorsqu’il m’a sorti l’autisme et les féminicides alors qu’on parlait de la déprime des étudiants et des professeurs aux études supérieures… Je suis désolée si je vous l’apprends, mais ce ne sont pas du tout les mêmes situations. Ce ne sont pas les mêmes enjeux. Ce ne sont pas les mêmes soins.
L’autre chose qui me fait hésiter, c’est l’attitude que les gens ont avec moi depuis 15 ans quand ils savent que je suis en thérapie. Je fais littéralement rire de moi et je me fais parler comme à une conne depuis 15 ans quand je conteste les conseils que les personnes qui ne sont pas en thérapie me donnent. Lui, en particulier, cet ancien « ami » ça fait 10 ans que je lui explique que les conseils qu’il me donne ne sont pas bons pour la santé mentale et surtout pas dans le cas de stress post-traumatique complexe chronique. Et il me répète toujours les mêmes niaiseries qui sont le contraire de ce qu’il faut faire pour avoir une bonne santé mentale. Et il n’est pas le seul. Donc en plus de me taper les effets secondaires des troubles liés aux violences que j’ai vécues, de devoir réparer mon image de moi, réparer mon système nerveux, lutter contre la dysthymie et… Il a fallu que je réexplique les mêmes choses au moins une centaine de fois à des personnes qui me disaient n’importe quoi parce qu’elles voulaient que j’aille bien vite, et ce, la plupart du temps pour elles-mêmes, parce qu’elles étaient incapables de tolérer que je n’aille pas bien. Ça les rendait inconfortables… Ce n’est pas exemple pas vraiment possible pour une personne qui a vécu un traumatisme de juste « arrêter d’y penser » comme on nous demande si souvent de le faire. Ça prend du temps au cerveau pour se réparer et nous n’avons pas besoin de subir vos violences en plus, parce que c’est une forme de violence aussi, de dire à quelqu’un que ce que son psy lui dit est de la merde et qu’il suffirait de penser à autre chose pour que ça aille mieux. C’est faux.
J’admets que, sans être heureuse que les gens souffrent, chose dont je ne suis pas vraiment capable, même les gens qui m’ont fait du mal, je ressens une forme de justice, là, dans le fait que moi, je m’en sors bien. Ça ne veut pas dire que je pense juste à moi, non. Ça veut juste dire que je note au passage que oui, elle fonctionne, ma thérapie. Peut-être pas comme vous voulez si vous êtes obsédés par l’idée que je sois en couple… Le problème avec votre point de vue, c’est que l’objectif de ma thérapie n’est pas du tout que je sois en couple, ni même que je change qui je suis, même si certains changements étaient nécessaires et inévitables. L’objectif de ma thérapie c’est de réparer les violences qui m’ont été faites et à moins souffrir de celles qui me sont et me seront encore inévitablement faites dans le monde où on vit. That’s it. Je suis triste bien sûr pour les personnes qui doivent traverser la pandémie dans des circonstances réellement atroces.
Je trouve aussi qu’il y a beaucoup de pression qui est mise sur les psychologues en ce moment. Je pense qu’il y a aussi une forme de naïveté sociale face à ce qu’est la thérapie, au sens où, même si on vous en donne un demain matin, un psy, ça va prendre des semaines, des mois, voire des années avant que votre problème se règle. La thérapie n’est pas de la magie. Ça prend des efforts, des efforts qui viennent de vous et que vous devrez fournir en thérapie. Donc oui, il faut chercher de l’aide et se mettre sur une liste d’attente et demander au gouvernement de faire plus. C’est indéniable. Il reste qu’il y a certains efforts que vous pouvez commencer maintenant. Même si oui, je pense que l’état doit donner et travailler vraiment plus pour l’amélioration et la quantité des services de santé mentale disponibles et abordables, je pense aussi, d’un autre côté, que beaucoup de personnes qui sont en mesure de se responsabiliser plus devraient le faire. Je pense que la santé mentale, même quand on bénéficie d’un bon service, ça reste une danse entre les efforts qu’on met soi-même et les efforts que l’état met pour les citoyens. Je ne pense pas que ce soit une bonne idée de rester assis désespérés en se disant qu’il n’y a aucune solution ni aucune ressource et qu’il faut attendre l’état. Vous risquez d’attendre vraiment longtemps, je pense, malheureusement.
L’autre chose qui pourrait vous faire douter de ce que je dis, est que je n’allais pas bien depuis un certain temps et que cela pourrait vous suggérer que je ne sais pas de quoi je parle et que mes conseils ne sont pas bons… alors que la vérité, c’est que j’allais mal à cause d’événements précis, mais aussi parce que je ne faisais plus, depuis un moment, les choses que je dois faire pour aller bien… vilaine moi.
Donc, une chose dont vous avez vraiment besoin pour aller bien mentalement, c’est de dormir. Pas trop ni pas assez. Dormir. Après, le rythme et les besoins de sommeil de différentes personnes peuvent varier. On dit en moyenne 8 heures pour les adultes. Moi c’est entre 6 et 7 heures. Quand j’étais plus jeune, je faisais un peu comme les autres et je pensais qu’il fallait sortir le soir et faire le party et… Et ça m’a causé beaucoup de problèmes parce que ça ne correspond pas à mon horaire de sommeil typique, qui est de me lever extrêmement tôt… et donc de me coucher tôt aussi. Je suis comme ça depuis l’enfance. Donc même si je me couchais tard, je me réveillais très tôt et j’étais toujours en carence de sommeil. Je suis une personne qui arrive rarement à se lever plus tard que 7 heures du matin. J’ai eu beau tout essayer. Rien n’y fait. C’était grave aussi parce que les surdoués ont des cycles de sommeil qui sont un peu différents des autres. Le cycle durant lequel la sérotonine est produite est plus court chez les personnes surdouées, ce qui fait qu’elle (dans mon cas) est toujours plus déprimée que la moyenne des gens, même sans avoir vécu toutes les violences que j’ai vécues. La meilleure chose pour bien dormir, c’est d’avoir un horaire régulier, c’est-à-dire de se coucher et de se lever exactement à la même heure tous les jours. Les jours de fin de semaine aussi, oui. Tous les jours. Pas l’alcool, pas les pilules, pas l’hébétude de la télévision…. L’exercice physique peut aider, oui, mais pas trop proche de l’heure du coucher. Une douche aussi. Les bains tendent à nous réveiller, contrairement à la croyance populaire. Les huiles essentielles aussi peuvent aider, comme la lavande. Les tisanes (passiflore, camomille, lavande, valériane) aussi. J’ai même des genres de jujubes (sans sucre) de magnésium qui aident au calme… Le massage du cuir chevelu, au milieu, là où souvent on sépare la chevelure en deux, peuvent aider. On fait des petits cercles avec le bout des doigts de l’arrière vers l’avant du crâne au moment où on se couche. Mais le mieux reste de se coucher et de se lever aux mêmes heures TOUS LES JOURS. Maintenant vous voyez un peu plus à quoi je faisais allusion. Vous pouvez imaginer que je me suis fait dire à l’infini combien j’étais plate de me coucher et lever si tôt et blablabla. L’idée que les gens intéressants se couchent tard est une construction sociale dont il faut se débarrasser. Pas une vérité. C’est la même chose pour l’idée qui veut qu’on fasse le party le vendredi et le samedi soir. Si tu détestes ta vie au point d’avoir une urgence incroyable de te péter la face la fin de semaine (et tous les soirs de semaines dans certains cas), ce serait une bonne idée de te demander comment changer ta vie de façon à ce qu’elle soit plus agréable. Je ne ressens plus, depuis plusieurs années maintenant, aucune envie de perdre conscience de quelque façon que ce soit. Je veux être là. J’aime ma vie.
L’autre chose primordiale à faire est de bouger. Commencez par marcher 15 minutes par jour, assez vite pour être un peu essoufflé et augmentez à votre rythme pour vous rendre jusqu’à 45 minutes par jour, idéalement au soleil si votre horaire le permet, mais ça fera du bien quand même sans, c’est-à-dire le soir. Dans mon cas les bienfaits arrivent à l’intérieur de deux semaines. Ça peut être plus long ou moins long, ça dépend, mais d’habitude c’est le temps que ça me prend avant de commencer à me sentir plus énergique.
C’est tout pour aujourd’hui, mais je continuerai bientôt avec des choses pratiques sans long préambule…
Et bien sûr si vous souffrez de troubles graves incluant des idées suicidaires, consultez un spécialiste en santé mentale et non le blogue d’une inconnue.
Bonne semaine!
