Ça y est : mon premier cours de peinture est terminé. Ça a été une assez grande aventure dans l’ensemble. Une période de découvertes aussi.
J’ai commencé le cours un peu à reculons. J’avais envie avant. J’étais super malade quand ça a commencé. Après, pendant le premier projet, je trouvais ça difficile et je n’aimais pas trop. J’ai fini par me rendre compte que c’était le projet qui ne me plaisait pas trop finalement… et le fait qu’on n’avait pas vraiment de cours pour nous apprendre comment faire… Aussi, je n’avais jamais eu envie de peindre des paysages. J’avais juste choisi cette photo du chien sur la plage parce qu’elle répondait aux consignes de la professeure…
C’est à partir du 2eprojet, celui où j’ai fait une version contemporaine et drôle d’une icône, que ça s’est mis à vraiment m’intéresser plus. Le fait d’aller puiser dans une tradition picturale qui m’avait toujours intéressée et de la transformer en quelque chose de plus contemporain qui me parlait m’a permis d’avoir réellement du plaisir. Le fait qu’il s’agissait d’un tableau ayant quelque chose de comique m’aidait aussi à aimer y travailler. Le chien était particulièrement délicieux à peindre. (Voir billet « Peindre 2e projet »)
Pour le 3eprojet, la consigne était simplement de montrer qu’on avait poussé notre exploration plus loin. J’ai décidé de voir grand parce que c’était peut-être la dernière fois que je ne travaillerais pas pendant aussi longtemps et que j’aurais donc autant de temps à consacrer à un projet en peinture. Puisant encore une fois dans mon intérêt pour l’art religieux, j’ai décidé de faire un triptyque, forme ayant été souvent utilisée pour faire les retables qui ornent les églises.
Mon intérêt pour les triptyques date de mon adolescence. Comme bien des personnes, j’ai découvert Hieronymus Bosch à cet âge et il m’a captivée. Il y a quelque chose dans la frénésie de ses œuvres qui appelle les parties humaines que j’ai tendance à enfouir au plus profondément en moi habituellement et qui les ramène au jour avec plaisir. Quelque chose me fascine aussi dans l’accumulation d’images incroyables qu’on y retrouve. Je ne suis probablement pas la seule, si on considère comment ses œuvres ont traversé le temps…
J’ai donc lu pas mal sur l’histoire des triptyques avant de décider sur quoi porterait le mien. Il n’était pas question de faire quelque chose de religieux. J’ai donc réfléchi à quels sujets m’intéressaient le plus dans la vie et lesquels seraient aptes à faire quelque chose d’intéressant qui nécessiterait plusieurs panneaux.
J’ai alors repensé à mon intérêt pour l’architecture des hôpitaux psychiatriques. J’ai pensé que ça pourrait être une bonne idée. J’ai d’abord pensé que ce serait bien de faire un hôpital à l’extérieur et de mettre l’histoire des différentes conceptions de la folie à l’intérieur. Ça aurait été une bonne option dans la mesure où traditionnellement le triptyque est souvent utilisé pour raconter l’histoire de quelque chose ou de quelqu’un. Ce n’est pas contre pas ce que j’ai choisi.
Le problème avec cette option est le fait que je suis encore pas mal débutante dans mes pratiques de dessin et de peinture et que j’ai de la difficulté à imaginer des représentations à partir de rien. Il aurait donc fallu que je trouve des représentations de différents moments de l’histoire de la folie qui me conviennent et que j’en fasse ensuite des versions personnelles. Ça m’apparaissait comme une trop grande recherche pour le temps et les moyens que j’avais.
J’ai ensuite repensé à un livre que j’ai lu il y a quelques années. Il s’agit d’un livre de photographies de Christopher Payne. Il s’agit d’un photographe qui se spécialise dans les photographies architecturales et industrielles. Il a fait un livre sur les asiles abandonnés il y a quelques années. Le voici :
C’est le livre de photographie que je préfère, je crois. Tout y est magnifique, malgré la tristesse et l’horreur reliées aux hôpitaux psychiatriques. J’ai aussi un très fort penchant pour le « vert hôpital », je l’avoue, ce qui rend le tout encore plus magnifique pour moi.
Au lieu de faire l’histoire de la folie, j’ai décidé de représenter plutôt le vide et l’abandon qui caractérisent aujourd’hui ces lieux de soins pour la construction desquels une fortune a été dépensée, mais qui ne sont pour une bonne partie plus du tout habités par des patients. J’ai donc choisi dans le livre des photos de pièces qui me permettraient de créer l’intérieur d’un hôpital. L’extérieur est inspiré d’une carte postale de l’hôpital d’Athens en Ohio. La voici :
Les couleurs du tableau à l’extérieur sont volontairement plus sobres que celles sur la carte postale parce que j’ai voulu respecter la façon de faire traditionnelle des triptyques qui ont généralement un extérieur sobre et un intérieur très coloré.
Dans l’ensemble, ce projet a été un travail colossal. Je ne sais plus combien d’heures il a fallu pour en venir à bout. D’abord je travaillais un peu chaque jour, mais il a vite fallu que j’y passe des journées entières si je voulais finir à temps pour l’évaluation finale. La « couverture » du projet et la pièce centrale sont les sections qui m’ont pris le plus de temps. D’abord, pour l’infinité de détails dans l’architecture de l’hôpital. Ensuite pour la perspective et la façon dont la lumière entrait dans la pièce au centre.
Il m’a été aussi quand même assez difficile de fabriquer le fameux « vert hôpital ». J’ai dû recommencer trois fois avant d’être un peu satisfaite. Quand ça a été le cas, j’en ai fait une très grande quantité pour ne pas avoir à recommencer ces expériences infinies. Je trouvais les couleurs très réussies finalement. J’étais un peu triste de les recouvrir de patine à la fin, mais c’était nécessaire pour donner le look « à l’abandon » que je recherchais. Les autres pièces à l’intérieur étaient beaucoup plus petites et ont donc nécessité moins d’efforts et de temps même si elles représentaient quand même un défi pour la débutante en moi.
Je suis vraiment satisfaite du résultat même si tout n’est pas parfait. Quelqu’un s’est senti obligé de me dire que la perspective dans les petites pièces n’était pas parfaite… mais selon moi ce n’est pas important et j’aurais très bien pu me passer de ce genre de commentaire, d’abord parce que j’en étais consciente et ensuite, tout simplement parce que c’est la 4echose que je peins dans ma vie… C’est mon premier cours. Il me semble évident que tout ne sera pas parfait dans ce que je fais. C’est normal. Ça fait partie de l’apprentissage. Les commentaires en classe, eux, étaient bons.
Dans l’ensemble, j’ai aimé faire le cours de peinture, mais surtout pour l’énorme liberté qu’on y avait pour les projets et pour les personnes que j’y ai rencontrées. Il posait par contre le même problème que mon cours de dessin de l’automne dernier, c’est-à-dire qu’il s’agissait principalement d’un cours d’atelier et que la professeure ne nous a pas enseigné grand-chose. J’aurais aimé pouvoir bénéficier de plus de conseils et techniques. J’imagine que le fait que je sois arrivée à réaliser ce triptyque complètement par moi-même est encore plus satisfaisant au fond. Pas contre ça me faisait bien rire quand les gens me disaient que mon cours avait l’air intéressant… Puisqu’on n’y faisait réellement rien en fait… à part quelques présentations d’environ 30 minutes en début de session. J’imagine que ça me fait un compliment dans la mesure où ce n’était pas le cours qui était intéressant, mais les projets que j’ai choisis de faire par moi-même. Je pense que je vais continuer à peindre. Tranquillement.
Bonne journée !