La fin et le début

              La première fois que j’ai réalisé que je voulais me remettre à dessiner j’ai eu peur et je me suis sentie paralysée.

            Comme j’ai dit, j’avais arrêté vers l’âge de 16 ans. En fait, ça avait dû vraiment me faire de la peine parce que je pensais que j’avais arrêté vers 13 ans. C’est juste quand j’ai retrouvé des dessins de choses et de personne qui m’intéressaient à 15-16 ans que j’ai réalisé que j’avais continué plus longtemps que je le pensais. Il y avait comme un trou. Un trou important.

            Voici une autre partie des dessins retrouvés  (ceux-ci ont été faits vers 13-14 ans):

            Je me rappelle maintenant que c’est pendant la période qui constitue ce trou, que mon frère a décidé qu’il voulait faire de la bande-dessinée. Il s’intéresse davantage aux super-héros, univers qui, je l’avoue, me laisse personnellement plutôt indifférente. Même si je peux admirer la technique qui se déploie dans ces pages, assez souvent, je n’ai pas trop d’intérêt pour les histoires qui y sont racontées. En général c’est là que ça bloque. J’ai quand même dessiné deux des monstres d’un jeu auquel il jouait dont j’ai malheureusement oublié le nom :

            Je pense que c’est le plus proche que je me suis approchée de dessiner quelque chose qui intéresse mon frère et les personnes qui aiment le même type de dessins. Le truc que je n’avais pas compris alors c’est que ce n’était pas important pour moi, de pouvoir dessiner comme cela avec ces sujets-là. Je voulais juste plaire, comme une enfant veut plaire.

            Un des problèmes qui ont conduit à mon abandon du dessin, c’est que quand j’étais plus jeune (et parfois ça revient encore aujourd’hui), je ne croyais pas beaucoup en moi. Cela faisait que j’avais de la difficulté à croire en mes rêves et mes projets.. et donc aussi bien sûr à les terminer.

            Un autre problème était que je croyais aussi, comme beaucoup de personnes le croient malheureusement toujours, qu’on naît avec un talent ou pas. Ce n’est pas le cas. Ça se développe. C’est comme pour tout ce qu’on veut faire. Il faut travailler. Il faut s’entraîner.

            Un autre problème, c’est que dans ma famille, les enfants étaient souvent montés l’un contre l’autre, instaurant ainsi une compétition malsaine qui a pourri ma relation avec mon frère pendant plusieurs années. Ainsi, c’est quand il est devenu vraiment bon à faire le type de dessins qu’il aime que la sentence de mon père sur mon imposture artistique m’a finalement semblé réellement vraie.

            Un autre problème est donc que je me laissais trop souvent définir par les autres. J’avais compris que ce n’était pas moi.

            J’ai juste arrêté.

            J’avais l’impression que je n’avais pas le droit, que ça ne m’appartenait pas. J’avais aussi l’impression, à cet âge, qu’il n’y avait qu’un nombre restreint de « bonnes » façons de dessiner, ce qui m’écrasait parce que je ne savais pas où m’inscrire… Je ne savais pas dans quelle case me mettre et j’avais l’impression qu’il en fallait une.

            Après, pendant plusieurs années, j’ai écrit.

            Je n’ai plus dessiné.

            J’avais décidé que j’étais une écrivaine et une intellectuelle.

Rien d’autre.

            Je regardais les cours d’art qui se donnaient, mais je me sentais toujours un peu comme une intruse, ce qui implique que même l’idée de penser y aller me faisait me sentir comme si je n’étais pas à ma place, toujours le visage collé sur la vitrine qui me bloquait l’accès à l’action, à la vie des autres.

            J’ai fait plusieurs cours d’histoire de l’art, je suis allée dans une tonne de musées, j’ai lu des piles et des piles de livres d’art. Ça, c’était correct, parce que c’était certaines des parties intellectuelles autour de l’art et qu’une part de moi est intellectuelle, ça, aucune doute possible.

            J’avais donc le droit de faire ça… au moins.

            Et puis un jour j’ai arrêté de juste voir passer les annonces pour les cours d’art. J’ai regardé la liste de cours qui se donnaient près de chez moi.

            Plusieurs me tentaient, mais finalement j’ai arrêté mon choix, contre toutes attentes (de ma part du moins, même si maintenant avec le recul le pourquoi semble plutôt clair puisqu’il y a un lien direct avec la raison pour laquelle j’ai cessé de dessiner), sur le cours de bande dessinée.

            Ce n’est pas si étrange non plus puisque je cherchais depuis un moment quoi faire des évènements que j’avais vécus (et à propos desquels je vous dirai plus dans les mois à venir). Je cherchais une façon de les exprimer qui soit différente de ma façon d’écrire habituelle.

            Mais parfois, au début, c’est difficile de s’exprimer autrement.

            J’ai fait quelques-unes des bandes dessinées.

            Je vous les montrerai plus tard.

            Le premier exercice du cours était de faire des autoportraits en suivant différentes consignes. Je me suis retrouvée devant ça :

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