Ce qui m’effraie le plus dans le fait de retourner plus dans le monde ce sont les idées étranges que les gens portent et les critères qu’ils utilisent pour nous juger… tout autant que leur éventuelle hypocrisie et malhonnêteté.
Je repense à des choses qui m’ont été dites par rapport au fait que j’avais dit que je ne pourrais plus être en couple avec mon ex qui est décédé. On m’a dit que j’étais méchante. C’est juste un fait. Pas de la méchanceté. Durant ma vingtaine nous avions des problèmes qui se répondaient. Était-ce de l’amour? Oui et non probablement. Mais après nous avons pris des chemins différents. Je me suis éloignée de plus en plus du monde où il s’est enfoncé sous des couches d’alcool, de drogues et d’amertume et moi j’ai construit autre chose. C’est aussi quand même quelqu’un qui a déjà botté un chat. Tsé… Considérant la personne que je suis devenue avec les valeurs que j’ai, ce serait juste impossible pour moi aujourd’hui d’être en couple avec un polytoxicomane qui est violent avec les humains et les animaux… Je ne serais pas plus capable d’être en couple avec un raciste ou un homophobe ou quiconque d’haineux dans ce genre. C’est juste normal et sain. Il avait besoin d’aide. Il a fait des choses très méchantes, à lui et aux autres parce qu’il n’allait pas bien depuis très longtemps. C’était méchant de faire ces choses. Pas que je les dise. les gens n’ont pas à être idéalisés ni dans la vie ni dans la mort.
Je pense aussi à une personne qui me dit souvent, probablement en voulant être gentille, que je m’exprime bien… comme si c’était miraculeux. Après un doctorat en épistémologie de la littérature et 18 ans d’enseignement et lisant en moyenne entre 100 et 150 livres par année et étant à l’université depuis 25 ans… ça semble plutôt normal que je m’exprime bien… ça n’a rien d’étonnant. Ça me suggère que pour une raison ou une autre cette personne me rabaisse dans sa tête. Peut-être parce que les gens qui vivent les choses que j’ai vécues ont rarement le parcours que j’ai. Peut-être parce que je suis trop cute pour que certaines personnes puissent imaginer que je suis intelligente. Peut-être parce que je suis trop tatouée pour avoir fait des études supérieures et être professeure… Allez savoir.
Je pense à tous les commentaires que les gens me déversent dessus constamment et qui sont lourds et insupportables… sur mon apparence, mes choix de vie, mon célibat, mon intelligence, mes chiens, mes intérêts et… commentaires qui n’ont généralement pas grand-chose à voir avec la réalité… et qui confirment que beaucoup de gens préfèrent juger que prendre le temps de connaître et je trouve ça lourd et difficile à vivre parce que j’ai besoin de gens qui veulent vraiment me connaître et non de personnes qui veulent m’enfoncer dans une case préfabriquée qui n’a rien à voir avec qui je suis.
Je sais que les gens auront toujours des préjugés, mais il y a des jours où ça me pèse plus que d’autres. Je sais que ça parle d’eux. Je sais qu’il faut que je me souvienne de ça à chaque fois qu’ils me disent des choses étranges. Je sais aussi que je n’aimerais vraiment pas être dans leur tête. Je préfère poser et me poser des questions. Ça me semble plus pertinent et juste et je sais combien il est blessant de se faire garocher sans arrêt des jugements superficiels dessus. Je suis tannée qu’on s’acharne à briser ma vie et mes rêves.
Dans les bonnes nouvelles, ma grippe diminue en intensité. Je finirai par en sortir sans qu’il y ait encore plus de complications cette fois. J’ai eu mon horaire de travail pour l’hiver et il n’est étonnamment pas effrayant même si j’ai cinq groupes. Ça m’a permis de choisir mes cours pour l’hiver. Je suivrai un cours sur la victimisation sexuelle et un autre sur l’intervention auprès de divers troubles psychiatriques. Ce sera bien. Et non, les discours théoriques sur la victimisation sexuelle ne me retraumatisent pas, non.
Je n’aime pas les généralités ni les généralisations. Je n’aime pas qu’on fasse des caricatures de ma vie. Je n’aime pas qu’on essaie à me forcer à être quelque chose que je ne suis pas et qu’on me traite ensuite de bizarre ou d’anormale quand je refuse. J’aimerais avoir de meilleures expériences que dans le passé. Ça prendra des gens bienveillants, curieux et patients.
Les vacances approchent réellement de plus en plus. Il me reste une vingtaine de copies à corriger et quelques notes à rentrer. J’ai presque fini la rédaction d’un travail de session aujourd’hui. Il restera seulement deux examens après. J’ai hâte à un peu plus de temps et de liberté. La photo, l’écriture, la peinture et la bd me manquent. Ça viendra… une copie à la fois.
Je m’ennuie des tatouages aussi… peut-être au printemps.
