J’ai survécu (2)

J’ai encore eu la nausée toute la journée, mais j’ai réussi à travailler quand même et à avoir l’air heureuse et enthousiaste pour mes élèves. J’avoue être quand même rentrée épuisée. Il était temps qu’elle arrive enfin, la semaine passée à la maison.

Je comprends qu’il est temps que j’arrête de parler de la satanée histoire, oui. Le stress post traumatique et le caractère récent du dénouement vont me ramener ça en tête pour encore un certain temps, oui… mais je n’ai pas le choix d’aller de l’avant malgré l’injustice répugnante que j’ai vécue. C’est normal que ça me prenne du temps pour l’accepter et la digérer. Ce n’est pas quelque chose que qui que ce soit devrait avoir à vivre dans sa vie.

Mon intervenante pour le stress post-traumatique m’a dit que j’avais de quoi être fière. Il faut une force énorme pour passer au travers de ce genre de situation en temps normal. Arriver à le faire alors qu’on est déjà à moitié morte à cause d’une autre traumatisme et du CPTSD, ça implique un tout autre niveau de force et de courage. J’ai agi conformément à mes valeurs et fait ce qu’il y avait à faire. Je n’ai pas de pouvoir sur la suite des choses. Juste sur le fait de prendre soin de moi et de ma vie autant que je le peux. Je verrai bien. Ça ne veut pas dire que la plainte était une erreur, non. Tout le monde a été horrifié et surpris du résultat. Je pense qu’il y avait sérieusement assez de matière et de témoins pour que ça passe dans un endroit réellement à l’écoute des élèves et ayant une réelle volonté de les aider.

Le fait est aussi que je ne pense pas que ça se répare un bris de confiance et une blessure comme celle-ci. Rien ne pourra jamais faire que ça ne soit pas arrivé ni que ça me semble moins pire.

L’image qu’il me restera de cette histoire est celle d’un homme qui a vu que j’étais quadraplégique et qui m’a poussée en bas d’un escalier parce qu’il trouvait ça drôle… et d’autres personnes l’ont aidé à me fesser dessus après, comme si ce n’était pas assez. Je fais exprès de prendre une condition physique grave… parce que les gens ne font jamais l’effort d’imaginer à quoi ça peut ressembler de souffrir de stress post-traumatique complexe. C’est infiniment difficile et paralysant, oui. Ce n’est pas parce que je ne le laisse pas toujours paraître de l’extérieur que ça ne l’est pas. Elles sont belles, hein, les personnes qui travaillent à l’université? En fait j’ai aussi raconté l’histoire à d’autres personnes plus belles qui travaillent à la même université…

Pour clore la situation, j’ai décidé de faire le travail du cours que je suis sur le projet photos qui l’a fait m’insulter. Comme ça j’aurai peut-être enfin droit à des commentaires intelligents. Ce serait bien. Peut-être que ça m’aidera à aller un peu mieux. Le reste de ce que j’ai à dire, je le mettrai dans un livre.

Je suis épuisée et découragée, mais j’ai encore envie de vivre. Un jour à la fois le cauchemar s’éloignera et je me sentirai un peu mieux. Mais c’est clair que ça ne s’effacera jamais de la mémoire et que j’aurai toujours du mépris pour toutes les personnes qui m’ont nuit volontairement dans cette histoire.

Je vais me coucher tôt. Demain je participe à un marché. Lundi j’aurai mon nouveau suivi médical. Je vois mon psy mardi et… Nous réussirons à me réparer… mais je suis tannée d’avoir à me relever et me reconstruire. J’ai mal… mais je continuerai à vivre et dénoncer.

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