J’écris beaucoup ici ces jours-ci… mon cerveau est un peu hyperactif et je suis enfermée à la maison depuis trop longtemps à cause de la maladie, du froid et du travail. Je ralentirai probablement bientôt.
J’ai presque fini mon travail sur une femme criminelle. Il me reste à revoir le film ce soir pour vérifier que je n’ai rien oublier et à me relire demain matin avant de le remettre. C’était intéressant. Je l’ai fait tranquillement parce que j’ai fait ma première révision pour mon examen qui a lieu dans une semaine en même temps. Je repasse au travers de beaucoup d’informations. La dernière présentation qui porte sur le trauma complexe et sur le stress post traumatique m’a fait repenser à ce que j’ai vécu dans mon enfance et aussi dans les trois dernières années. Peut-être tout ma vie en fait.
Ça me décourage que si peu de progrès aient été faits durant ma vie. Des progrès ont été faits en recherche et en intervention, mais la diffusion de ces connaissances est extrêmement lente… ce qui fait que socialement on a fait juste des pas de souris on dirait. Je suis tannée de l’ignorance. Je suis cependant enthousiaste devant les différentes activités féministes des dernières semaines.
Relire mes notes m’a confrontée à d’autres choses qui m’effraient dans mon envie de retour vers les gens:
Je n’ai pas envie d’être confrontée à des gens qui pensent que je suis brisée ou bizarre à cause de ce que j’ai vécu. Je suis tannée qu’on alterne entre le mépris, la violence et la pitié quand on me regarde. Je suis aussi tannée qu’on pense savoir mieux que moi ce qui est bon pour moi et qu’on n’entende jamais ce que je dis ou que ne veuille même pas le savoir… et je suis surtout tannée qu’à cause de ça on me fasse subir de nouvelles violences.
Je suis aussi tannée qu’on piétine ma vie et ce qui est important pour moi en faisant semblant que c’est normal.
Je suis tannée des gens qui pensent qu’ils connaissent plus ma vie que moi et peuvent me donner des leçons dessus.
Je ne suis plus capable des personnes qui pensent que c’est à elles de décider si et comment j’ai le droit d’être affectée par ce qu’elles font. Juste le fait de se placer dans cette position c’est violent. Ça me renvoie à mon père narcissique qui pense que tout le monde autour est une continuité de lui et qu’ils ont les mêmes besoins, intérêts, plaisirs, sensibilités et … et qui se feront faire du mal s’ils osent avoir la moindre différence et encore plus s’ils osent se rebeller face à sa compréhension de la situation. J’ai passé 19 ans ligotée dans ça à vivoter et à ne pas vraiment exister. C’est sûr que ça m’affecte vraiment plus que d’autres personnes quand on fait ce genre d’affaires…
Je n’ai pas envie que les gens me fassent de la projection dessus comme la femme aux menaces parce qu’ils sont incapables d’admettre leurs problèmes, défauts et comportement malsains parce que leur personnalité est tellement fragile qu’elle s’effondrerait s’ils ne faisaient qu’apercevoir ces choses du coin de l’œil.
Je ne veux pas qu’on me parle comme une enfant.
Je suis tannée des normes malsaines et assassines qui tuent la vie.
Je trouve insupportable qu’on critique mon état ou ma vie comme si les autres s’en seraient mieux sortis s’ils avaient vécu les mêmes choses. Mon psy et d’autres personnes travaillent en santé mentale qualifient ma résilience d’exceptionnelle. Je vais les croire eux. Ce sera mieux que de me soumettre aux personnes qui ne savent rien mais trouvent quand même le moyen de me rabaisser à partir de choses qu’ils inventent dans leur tête.
Bon. C’est ça pour aujourd’hui. Il y aura d’autres choses c’est certain. J’ai hâte à mes cours de cet hiver. J’ai adoré mes cours cette session mais là je suis un peu dans les limbes de la fin ou soit on aurait voulu que le cours dure plus longtemps ou qu’il soit déjà fini. J’ai dit hier que ça ne me retraumatisait pas de parler de victimisation sexuelle, mais je ne suis pas pour autant insensible, non. J’avoue avoir eu un très gros pincement au cœur aujourd’hui quand j’ai dû commander un livre de 500 pages sur l’abus sexuel des enfants. Je n’ai pas vécu ça. Mes agressions sont arrivées plus tard. J’ai quand même vécu des formes de violences sexuelles enfants… à travers des commentaires absurdement sexualisant pour une enfant. Cette partie du cours me troublera, c’est certain. Le type d’agression que j’ai vécu est moins souvent discuté jusqu’à présent, mais je pense que ça changera vu le nombre d’attaques à la seringue qui ne fait qu’augmenter sans fin. C’est une sensation étrange que de savoir que quelqu’un est entré en vous alors que vous n’étiez pas vraiment là. J’ai des flashs. J’ai dû reconstituer la scène. J’ai été obligée de digérer l’horreur lentement. J’ai dû avoir beaucoup de force et de courage. Par dessus tout, j’aimerais ne jamais plus rencontrer de personnes complètement connes qui essaie de me faire croire que ça fait de moi quelqu’un d’inaimable, de sale ou de brisé. Si vous pensez ça, c’est votre cerveau qui l’est.
Bon… je vais aller voir ce documentaire, me coucher tôt, relire puis remettre mon travail, corriger comme une déchaînée pour finir au plus tard mardi, retourner au psychopathes, retourner aux femmes criminalisées, puis finalement respirer jusqu’en janvier.
J’ai quand même eu une petite pause aujourd’hui. Je me suis acheté un patron pour me faire des mitaines avec une vache écossaise… et je suis allée fabriquer une veste matelassée. Je n’aurais pas choisi ce tissu, mais bon. À la fin je l’aime bien. Je vais chercher des compétences pour d’autres projets à venir.






C’était une belle journée. Presque toutes mes sphères d’intérêt ont été comblées au moins quelques minutes. Il en faut plus des journées comme ça.