Je n’aime pas les petits milieux. J’aime encore moins les petits milieux qui se pensent supérieurs aux autres. Ça n’a jamais été mon rapport à la vie intellectuelle.
Ça m’a fait repenser à ça subir les commentaires condescendants l’autre soir. En partie parce que j’en ai encore subi ce soir-là. En partie parce que j’ai fui plusieurs des personnes présentes ce soir là parce qu’ils m’en ont fait subir à l’infini dans le passé et que ça me donne envie de vomir.
Les gens sont méchants parce qu’ils sont fragiles. Les gens sont méchants parce qu’ils sont frustrés. Les gens sont méchants parce qu’ils sont envieux. Les gens sont méchants parce qu’ils sont dans le déni et… cette histoire de me dire que mes bandes dessinées apprennent des choses sur mes chiens… au lieu de comprendre qu’elles sont des dénonciations de violences psychologiques, ça aurait impliqué pour lui de reconnaître qu’il commet lui-même très fréquemment les violences qui y sont dénoncées… et ça il est beaucoup trop faible pour faire ça.
C’est son problème à la fin. Il n’est plus dans ma vie et je ne devrais pas avoir à le revoir après cette soirée. Ça me soulage. Beaucoup.
Je n’ai jamais aimé le snobisme intellectuel. Il y a matière à réfléchir et à atteindre une pensée profonde à partir de tout dans la vie. Je n’ai jamais non plus été une intellectuelle qui passe son temps à citer des gens et faire du name dropping. Pour moi ce n’est pas de l’intelligence d’être un perroquet du passé soumis à la pensée des autres.
Je préfère ma façon d’être une intellectuelle avec du respect pour moi-même et pour les autres et leurs intérêts. Il y a quelque chose d’infiniment prétentieux dans l’idée qu’on pourrait saisir en quelques secondes pourquoi une chose intéresse quelqu’un et que ce serait justifié d’essayer d’écraser cet intérêt. Prétentieux, ennuyeux, irrespectueux. Rien d’intéressant finalement.
J’ai compris aussi qu’il faut que je protège et cache plus mes rêves et mes projets si je ne veux pas subir des commentaires débiles ou infantilisants. Je ne suis pas en train de me chercher. Je sais qui je suis. Il y a des liens entre toutes les choses que je fais. Ça ne m’appartient pas si vous êtes incapables de les voir. Ce que je cherche, c’est me créer une vie qui réunit mes intérêts et qui me rende plus heureuse que celle que j’ai vécue jusqu’à présent. Ça n’a rien de naïf ou d’inconscient. Personne n’est obligé de faire la même chose toute sa vie. Ça fait un certain temps que nous vivons assez vieux pour avoir plusieurs activités dans notre vie. Aussi, avoir plusieurs intérêts différents, c’est une richesse et non un signe qu’on est perdu…
Je ne veux pas me faire rabaisser parce que je ne fais pas la choses que les autres jugent que je devrais faire ou être. Je ne veux pas me laisser arrêter par les conceptions limitantes ni par les peurs des autres. J’en ai assez souffert.
Je suis partie d’une jeune femme de 14 ans qui prenait des drogues par intraveineuses et qui a traversé de multiples violences pour devenir la personne que je suis aujourd’hui, soit une personne compétente et éduquée dans plusieurs discipline qui a su garder un bon cœur, ne pas devenir amère, ne pas perdre le contact avec la réalité sociale.
Je pense que j’ai déjà accompli amplement de choses dont je peux être fière. Je préfèrerai aussi toujours les parcours atypiques, en bonne partie parce que le mien l’est, mais surtout parce que je sais combien il faut de courage pour affronter l’infinie vanité et la complaisance répugnantes des attentes des autres.
Je choisis ma vie et ma voie.
