J’ai eu une longue journée. Je suis allée à une réunion au travail. Je n’y vais pas toujours… ce qui me vaut beaucoup de mauvais commentaires parce que comme pour bien d’autres choses à mon travail, les gens s’imaginent rapidement la pire explication possible, celle qui révélerait que je suis une mauvaise personne et que je le fais pour de mauvaises raisons. Alors que la réalité c’est que quand je n’y vais pas, c’est parce que ça tombe la semaine où j’ai un rendez-vous avec mon psy et que j’en ai besoin pour survivre et pouvoir faire mon travail… et que je ne peux pas le déplacer parce que le système de soin en santé mentale au Québec est tellement embourbé qu’il vomit des femmes qui abandonnent leur bébé dans un abribus à 3h du matin… Aussi, souvent, je ne suis pas vraiment concernée par ce dont il est question dans les réunions… ou alors je m’adapterai sans me plaindre. Ça change donc peu que j’y sois ou pas…
J’ai été triste tout le long de la réunion. Ça n’avait pas à voir avec les sujet abordés. La réunion en tant que telle s’est bien passée. C’est plutôt le fait d’être dans la même salle que plusieurs personnes qui m’ont blessée. C’est aussi de constater que j’avais beaucoup plus à offrir que ce qu’il m’a été permis de faire. Aussi que maintenant je ne sais même plus trop comment faire du lien. Il y a des personnes que j’apprécie, oui. Mais ça ne suffit pas toujours.
Il y a des personnes aussi dont je sais qu’elles m’espionnent ici et s’imaginent que c’est d’elle que je parle quand je critique quelque chose alors que ce n’est probablement pas le cas. Il y a des personnes qui pensent que je suis méchante d’écrire les choses que j’écris ici… principalement parce que ces personnes ne tiennent pas compte de ce que j’ai vécu dans leur raisonnement ou généralisent des expériences dont je parle qui me sont arrivées avec une ou deux personnes à l’opinion que j’aurais de tout le monde au travail. Tout ça me décourage, mais j’essaie de laisser aller.
Il y a aussi des gens qui sont fâchés que je critique quoi que ce soit parce qu’ils le prennent personnellement au lieu de comprendre que je parle de moi et pour moi. Que le fait que je n’aime pas les mêmes choses qu’eux ou que je n’aie pas la même vision du monde ou les mêmes besoins ou… voudrait dire que je pense du mal d’eux, alors que ce n’est pas le cas.
J’étais assise dans ce local à être bombardée de mauvais souvenirs et à me demander ce qui m’attendait pour l’avenir. J’ai changé. Les préoccupations ont changé. Certains de mes intérêts ont changé. Mon état de santé a changé. Ce n’est pas de la méchanceté. C’est d’une côté le trauma complexe. C’est de l’autre côté l’apprentissage de qui je suis qui évolue.
Je ne sais pas ce qui m’attends.
Je sais que j’aimerais me sentir moins triste.
Je ne sais pas si c’est possible dans mon environnement présent.
Je sais que j’aimerais me sentir à nouveau en sécurité dans mes liens humains… ou plutôt me sentir en sécurité pour la première fois.
Demain j’ai un rendez-vous à l’organisme où j’aimerais éventuellement devenir bénévole avec le temps. On verra.
La photo dont mon ex me parlait mentionnée dans le billet précédent, c’est une photo qui a été prise pendant un voyage au secondaire. Je ne comprends pas pourquoi on m’identifierait encore à cette photo. Ce n’est pas vrai que je me suis déjà trouvée laide sur cette photo. Ça a en fait été ma photo préférée de moi pendant des années à partir du moment où je l’ai vue pour la première fois. C’est juste que j’ai changé. Que je pense être plus belle maintenant. Que je trouve insupportable que tant d’hommes aient l’air de penser qu’ils nous font une faveur quand ils nous disent que nous sommes belles… que nous devrions être reconnaissantes… voire que nous devrions penser que leur opinion sur notre apparence a une quelconque importance. Quand il m’a envoyé la photo, j’ai juste répondu avec un pouce vers le haut. C’est le plus polie que je pouvais être. J’avais envie de répondre: Je m’en contrecrisse que tu me trouves belle ou pas.
Je suis rendue là dans ma vie. Je ne cherche pas à plaire. Je ne cherche pas à ce que des hommes me trouvent belle. Ni qui que ce soit d’ailleurs. La seule personne dont j’aimerai me faire dire qu’il me trouve belle, ce sera si un jour je partage à nouveau ma vie avec un homme. Quand il y aura un lien, ça me fera plaisir d’entendre qu’il me trouve belle. Sinon, je m’en calice de ce que les hommes pensent de mon apparence.
L’important pour moi c’est que je puisse vivre ma vie comme je l’entends. Que je sois libre de mes faits et gestes. Que je trouve surtout une façon de me sentir mieux et d’avoir une plus belle vie que c’est le cas depuis un moment.
J’ai tellement été déçue.
Tellement trahie.
Tellement blessée.
Tellement triste.
Heureusement il y a les chiens… et la photo:
